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DEUXIESME PARTIE.

d’apprester des plaisirs sans peine. Que si l’Auteur a changé quelques incidens et mesme quelque catastrophe, ce qui preparoit cette catastrophe et la necessité de la rendre heureuse l’y ont contraint. Il a cru que dans ces sortes de Contes chacun devoit estre content a la fin : cela plaist toûjours au Lecteur ; à moins qu’on ne luy ait rendu les personnes trop odieuses : mais il n’en faut point venir là si l’on peut, ny faire rire et pleurer dans une mesme Nouvelle. Cette bigarrure déplaist à Horace sur toutes choses : il ne veut pas que nos compositions ressemblent aux crotesques, et que nous fassions un ouvrage moitié femme moitié poisson. Ce sont les raisons generales que l’Autheur a euës. On en pourroit encore alleguer de particulieres, et deffendre chaque endroit ; mais il faut laisser quelque chose à faire à l’habileté et à l’indulgence des Lecteurs. Ils se contenteront donc de ces raisons-cy. Nous les aurions mises un peu plus en jour et fait valoir davantage, si l’estenduë des Prefaces l’avoit permis.


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