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POEME DU QUINQUINA.

Loin de loger en nos maisons
Ces deux filles du Ciel, ces sages Conseilleres,
Nous fuyons leur commerce, elles n’habitent gueres
Qu’en des lieux que nous méprisons.
L’homme se porte en tout avecque violence,
A l’exemple des animaux,
Aveugle jusqu’au point de mettre entre les maux
Les conseils de la temperance.

Corrigez-vous, humains ; que le fruit de mes vers
Soit l’usage reglé des dons de la nature.
Que si l’excés vous jette en ces fermens divers,
Ne vous figurez pas que quelque humeur impure
Se doive avec le sang épuiser dans nos corps :
Le Quina s’offre à vous, usez de ses tresors.
Eternisez mon nom ; qu’un jour on puisse dire :
Le chantre de ce bois sceut choisir ses sujets ;
Phœbus, ami des grands projets,
Luy prêta son sçavoir aussi-bien que sa lire.
J’accepte cet augure à mes vers glorieux.
Tout concourt à flater là-dessus mon genie :
Je les ay mis au jour sous Loüis, et les Dieux
N’oseroient s’opposer au vouloir d’Uranie.