Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 2.djvu/324

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
316
CONTES ET NOUVELLES.

Dans son office de Mazet,
Dont il luy fut donné par les sœurs un brévet.
 
Icy la peinture commence :
Nous voilà parvenus au poinct.
Dieu des vers, ne me quite point ;
J’ay recours à ton assistance.
Dy moy pourquoy ce Rustre assis,
Sans peine de sa part, et trés-fort à son aise,
Laisse le soin de tout aux amoureux soucis
De sœur Claude et de sœur Terese.
N’auroit-il pas mieux fait de leur donner la chaise ?
Il me semble des-ja que je vois Apollon
Qui me dit : Tout beau ! ces matieres
A fonds ne s’examinent gueres.
J’entends ; et l’amour est un étrange garçon ;
J’ay tort d’ériger un fripon
En Maistre de ceremonies.
Dés qu’il entre en une maison,
Regles et loix en sont bannies ;
Sa fantaisie est sa raison.
Le voila qui rompt tout : c’est assez sa coûtume :
Ses jeux sont violens. A terre on vid bien tost
Le galand Catedral. Ou soit par le défaut
De la chaise un peu foible, ou soit que du pitaud
Le corps ne fust pas fait de plume,
Ou soit que sœur Terese eust chargé d’action
Son discours véhément et plein d’émotion,
On entendit craquer l’amoureuse tribune :
Le Rustre tombe à terre en cette occasion.
Ce premier poinct eut par fortune
Malheureuse conclusion.
 
Censeurs, n’aprochez point d’icy vostre œil prophane,
Vous, gens de bien, voyez comme sœur Claude mit
Un tel incident à profit.
Terese en ce malheur perdit la tramontane :
Claude la débusqua, s’emparant du timon.
Terese, pire qu’un demon,