Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 2.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
QUATRIESME PARTIE.

Jeunes de rire, et vieilles de gronder.
La voix manquant à nostre sermonneuse,
Qui, de son troc bien faschée et honteuse,
N’eut pas le mot à dire en ce moment,
L’exaim fit voir, par son bourdonnement,
Combien rouloient de diverses pensées
Dans les esprits. Enfin l’Abbesse dit :
Devant qu’on eust tant de voix ramassées,
Il seroit tard ; que chacune en son lit
S’aille remettre. A demain toute chose.
Le lendemain ne fut tenu, pour cause,
Aucun chapitre ; et le jour en suivant
Tout aussi peu. Les sages du Couvent
Furent d’avis que l’on se devoit taire ;
Car trop d’éclat eust pu nuire au troupeau.
On n’en vouloit à la pauvre Isabeau
Que par envie : ainsi, n’ayant pu faire
Qu’elle laschast aux autres le morceau,
Chaque Nonain, faute de jouvenceau,
Songe à pourvoir d’ailleurs à son affaire.
Les vieux amis reviennent de plus beau.
Par préciput à nostre belle on laisse
Le jeune fils, le Pasteur à l’Abesse,
Et l’union alla jusques au poinct
Qu’on en prestoit à qui n’en avoit point.



VIII. — LE ROY CANDAULE
ET LE MAÎTRE EN DROIT.


Force gens ont esté l’instrument de leur mal ;
Candaule en est un témoignage.
Ce Roy fut en sotise un trés-grand personnage ;
Il fit pour Gygés son vassal
Une galanterie imprudente et peu sage.