Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 2.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
QUATRIESME PARTIE.

Comme il n’est bon que telle chose éclate,
Et que le fait ne puisse estre nié,
Tant et tant fut par sa paternité
Dit d’Oraisons, qu’on vid du Purgatoire
L’ame sortir, legere, et n’ayant pas
Once de chair. Un si merveilleux cas
Surprit les gens. Beaucoup ne vouloient croire
Ce qu’ils voyoient. L’Abbé passa pour saint.
L’époux pour sien le fruit posthume tint,
Sans autrement de calcul oser faire.
Double miracle estoit en cette affaire,
Et la grossesse, et le retour du mort.
On en chanta Té-déums à renfort.
Sterilité régnoit en mariage
Pendant cet an, et mesme au voisinage
De l’Abbaye, encor bien que leans
On se voüast pour obtenir enfans.
A tant laissons l’œconome et sa femme ;
Et ne soit dit que nous autres époux
Nous meritions ce qu’on fit à cette ame
Pour la guerir de ses soupçons jaloux.



VII. — LE PSAUTIER.


Nones, souffrez pour la derniere fois
Qu’en ce recueil, malgré moy, je vous place.
De vos bons tours les contes ne sont froids ;
Leur avanture a ne sçais quelle grace
Qui n’est ailleurs ; ils emportent les voix.
Encore un donc, et puis c’en seront trois.
Trois ? je faux d’un ; c’en seront au moins quatre.
Contons-les bien : Mazet le compagnon ;
L’Abbesse ayant besoin d’un bon garçon