Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 2.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205
TROISIESME PARTIE.

Se teut long-temps ; puis dit : Comment feray-je ?
Je ne me puis tout seul des-habiller.
Et bien, Monsieur, dit-elle, appelleray-je ?
Non reprit-il ; gardez-vous d’appeller.
Je ne veux pas qu’en ce lieu l’on vous voye ;
Ny qu’en ma chambre une fille de joye
Passe la nuit au sceu de tous mes gens.
Cela suffit, Monsieur, repartit-elle.
Pour éviter ces inconveniens,
Je me pourrois cacher en la ruelle :
Mais faisons mieux, et ne laissons venir
Personne icy : l’amoureuse Constanse
Veut aujourd’huy de Laquais vous servir :
Accordez-luy pour toute recompense
Cet honneur-là. Le jeune homme y consent.
Elle s’approche ; elle le déboutonne ;
Touchant sans plus à l’habit, et n’osant
Du bout du doigt toucher à la personne.
Ce ne fut tout, elle le déchaussa.
Quoy ! de sa main ! quoy ! Constanse elle-mesme !
Qui fust-ce donc ? Est-ce trop que cela ?
Je voudrois bien déchausser ce que j’aime.
Le Compagnon dans le lit se plaça ;
Sans la prier d’estre de la partie.
Constance crut dans le commencement
Qu’il la vouloit éprouver seulement ;
Mais tout cela passoit la raillerie.
Pour en venir au poinct plus important :
Il fait, dit-elle, un temps froid comme glace ;
Où me coucher ?
 
Camille.
Par tout où vous voudrez.
 
Constanse.
Quoy ! sur ce siege ?
 
Camille
Et bien ! non ; vous viendrez