Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 2.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
CONTES ET NOUVELLES.

De t’accuser de cette effronterie ?
La Femme.
Ah ! c’en est trop, parlez mieux, je vous prie.
Le Mary.
Quoy ! ce coquin ne te caressoit pas ?
La Femme.
Moy ? vous resvez.
Le Mary.
                  D’où viendroit donc ce cas ?
Ay-je perdu la raison ou la veuë
La Femme.
Me croyez-vous de sens si dépourveuë,
Que devant vous je commisse un tel tour ?
Ne trouverois-je assez d’heures au jour
Pour m’égayer si j’en avois envie ?
Le Mary.
Je ne sçay plus ce qu’il faut que j’y die.
Nostre poirier m’abuse asseurement.
Voyons encor. Dans le mesme moment
L’Epoux remonte, et Guillot recommence.
Pour cette fois le mary void la danse
Sans se fascher, et descend doucement.
Ne cherchez plus, leur dit-il, d’autres causes ;
C’est ce poirier, il est ensorcelé.
Puis qu’il fait voir de si vilaines choses,
Reprit la femme, il faut qu’il soit brûlé.
Cours au logis ; dy qu’on le vienne abattre.
Je ne veux plus que cet arbre maudit
Trompe les gens. Le valet obeït.
Sur le pauvre arbre ils se mettent à quatre,
Se demandant l’un l’autre sourdement,
Quel si grand crime a ce poirier pû faire ?
La Dame dit : Abattez seulement ;
Quant au surplus, ce n’est pas vostre affaire.
Par ce moyen la seconde Commere