Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 1.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
363
LIVRE DOUZIÉME.

Et Jupiter, et Némesis,
Et les Juges d’Enfer, enfin toute la bande.
Elle representa l’énormité du cas.
Son fils sans un bâton ne pouvoit faire un pas.
Nulle peine n’étoit pour ce crime assez grande.
Le dommage devoit être aussi réparé.
Quand on eut bien consideré
L’interêt du Public, celui de la Partie,
Le Resultat enfin de la suprême Cour
Fut de condamner la Folie
A servir de guide à l’Amour.




FABLE XV.
LE CORBEAU, LA GAZELLE, LA
TORTUE, ET LE RAT[1].


A MADAME DE LA SABLIERE.



Je vous gardois un Temple dans mes Vers :
Il n’eût fini qu’avecque l’Univers.
Déja ma main en fondoit la durée
Sur ce bel art qu’ont les Dieux inventé,
Et sur le nom de la Divinité
Que dans ce Temple on auroit adorée.
Sur le portail j’aurois ces mots écrits :
Palais Sacré de la Deesse Iris
Non celle-là qu’a Junon à ses gages ;
Car Junon même, et le Maître des Dieux
Serviroient l’autre, et seroient glorieux

  1. Dans les Ouvrages de prose et de poësie, le titre de cette fable est : Le Rat, le Corbeau, la Gazelle et la Tortue.