Thesaurizant pour les voleurs,
Pour ses parens, ou pour la terre.
Mais que dire du troc que la fortune fit ?
Ce sont-là de ses traits ; elle s’en divertit.
Plus le tour est bizarre, et plus elle est contente.
Cette Deesse inconstante
Se mit alors en l’esprit
De voir un homme se pendre ;
Et celuy qui se pendit
S’y devoit le moins attendre.
ertrand avec Raton, l’un Singe, et l’autre Chat,
Commensaux d’un logis, avoient un commun Maistre.
D’animaux mal-faisans c’estoit un tres-bon plat ;
Ils n’y craignoient tous deux aucun, quel qu’il pust estre.
Trouvoit on quelque chose au logis de gasté ?
L’on ne s’en prenoit point aux gens du voisinage.
Bertrand déroboit tout ; Raton de son costé
Estoit moins attentif aux souris qu’au fromage.
Un jour au coin du feu nos deux maistres fripons
Regardoient rostir des marons ;
Les escroquer estoit une tres-bonne affaire ;
Nos galands y voyoient double profit à faire,
Leur bien premierement, et puis le mal d’autruy.
Bertrand dit à Raton : Frere, il faut aujourd’huy
Que tu fasses un coup de maistre.
Tire-moy ces marons ; Si Dieu m’avoit fait naistre
Propre à tirer marons du feu,
Certes marons verroient beau-jeu.