Expédiant les [1] Loups en forme.
Celuy-cy s’en douta. Serviteur au portier,
Dit-il, et de courir. Il estoit fort agile ;
Mais il n’estoit pas fort habile ;
Ce Loup ne sçavoit pas encor bien son métier.
e ne vois point de creature
Se comporter modérement.
II est certain temperament
Que le maistre de la nature
Veut que l’on garde en tout. Le fait-on ? nullement.
Soit en bien, soit en mal, cela n’arrive guere,
Le blé riche présent de la blonde Cerés
Trop touffu bien souvent épuise les guerets :
En superfluitez s’épandant d’ordinaire.
Et poussant trop abondamment,
Il oste à son fruit l’aliment.
L’arbre n’en fait pas moins ; tant le luxe sçait plaire.
Pour corriger le blé Dieu permit aux moutons
De retrancher l’excès des prodigues moissons.
Tout au travers ils se jetterent,
Gasterent tout, et tout brouterent ;
Tant que le Ciel permit aux Loups
D’en croquer quelques-uns ; ils les croquerent tous.
S’ils ne le firent pas, du moins ils y tâcherent ;
Puis le Ciel permit aux humains
- La Fontaine. — I.
- ↑ Il y a des dans le texte ; mais l’Errata remplace ce mot par les. L’avant-dernier vers de la fable est, dans le texte :
Mais il n’estoit pas habile.
C’est l’errata qui le complète.