ous n’avons rien d’asseuré touchant la
naissance d’Homere et d’Esope. A peine
mesme sçait-on ce qui leur est arrivé de
plus remarquable. C’est dequoy[1] il y a lieu
de s’étonner, veu que l’Histoire ne rejette pas des
choses moins agreables et moins necessaires que
celle-là[2].
Tant de destructeurs de Nations, tant de Princes
sans merite, ont trouvé des gens qui nous ont appris
jusqu’aux moindres particularitez de leur vie, et nous
ignorons les plus importantes de celles d’Esope et
d’Homere, c’est-à-dire des deux personnages qui ont
le mieux merité des Siecles suivans. Car Homere n’est
pas seulement le Pere des Dieux, c’est aussi celuy des
bons Poëtes. Quant à Esope, il me semble qu’on le
devoit mettre au nombre des Sages, dont la Grece s’est
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LA VIE D’ESOPE
LE PHRYGIEN.
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