Grace à Dieu je passe les nuits
Sans chagrin, quoy qu’en solitude.
La belle se sceut gré de tous ces sentimens.
L’âge la fit déchoir ; adieu tous les amans.
Un an se passe et deux avec inquietude.
Le chagrin vient en suite ; elle sent chaque jour
Déloger quelques Ris, quelques jeux, puis l’amour ;
Puis ses traits choquer et déplaire ;
Puis cent sortes de fards. Ses soins ne pûrent faire
Qu’elle échapât au temps cet insigne larron :
Les ruines d’une maison
Se peuvent reparer ; que n’est cet avantage
Pour les ruines du visage !
Sa preciosité changea lors de langage.
Son miroir luy disoit, prenez viste un mari :
Je ne sçais quel desir le luy disoit aussi ;
Le desir peut loger chez une precieuse :
Celle-cy fit un choix qu’on n’auroit jamais crû.
Se trouvant à la fin tout aise et tout heureuse
De rencontrer un malotru.
l est au Mogol des folets
Qui font office de valets,
Tiennent la maison propre, ont soin de l’équipage,
Et quelquefois du jardinage.
Si vous touchez à leur ouvrage,
Vous gastez tout. Un d’eux prés du Gange autrefois
Cultivoit le jardin d’un assez bon Bourgeois.
Il travailloit sans bruit, avoit beaucoup d’adresse,