Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 1.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
FABLES CHOISIES.

Si peu, que la moindre chose
De son débris seroit cause.
Il n’en reviendroit morceau.
Pour vous, dit-il, dont la peau
Est plus dure que la mienne.
Je ne vois rien qui vous tienne.
Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le Pot de fer.
Si quelque matiere dure
Vous menace d’aventure,
Entre-deux je passeray,
Et du coup vous sauveray.
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses costez.
Mes gens s’en vont à trois pieds
Clopin clopant comme ils peuvent,
L’un contre l’autre jettez,
Au moindre hoquet qu’ils treuvent.
Le Pot de terre en souffre ; il n’eut pas fait cent pas,
Que par son compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu’il eût lieu de se plaindre.
Ne nous associons qu’avecque nos égaux ;
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d’un de ces pots.




III.
LE PETIT POISSON ET LE
PESCHEUR.



Petit poisson deviendra grand,
Pourveu que Dieu luy prête vie.
Mais le lascher en attendant,
Je tiens pour moy que c’est folie ;