Page:La Foire Saint Laurent.pdf/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CARLINETTE.

J’ai des fourmis dans les pieds. Elle s’agite.

NICOLAS.

Moi, ça me picote dans le mollet.

Il s’agite.
RAMOLLINI, les regardant.

Est-ce une hallucination ?

DAME ANGÈLE, regardant à son tour.

Juste ciel !… ils bougent !

CARLINETTE, grossissant sa voix.

Ramollini ! Ramollini ! pourquoi es-tu dans cette demeure et non dans la tienne ?…

RAMOLLINI.

Mon nom… On a prononcé mon nom ?

NICOLAS, grossissant sa voix.

Ramollini ! Ramollini ! rentre chez toi… (D’un ton naturel.) il n’est que temps.

RAMOLLINI.

Dors-je, ou veille-je ? je sais bien que je dors… C’est un cauchemar.

DAME ANGÈLE, dont les dents claquent.

Aba… aba…

BOBÊCHE, en dehors.

Ramollini, Ramollini, époux téméraire qui accuses follement une vertueuse épouse, ne redoutes-tu pas les exemples de l’histoire.

RAMOLLINI, lisant.

Lucrèce et Tarquin, ou l’injurieux soupçon.

Les deux fauteuils sont à roulettes, ce qui permet à dame Angèle et à Ramollini de reculer avec terreur de chaque côté du théâtre à l’avant-scène : le rideau du fond s’est ouvert et découvre le tableau vivant, Bobêche sous le costume de Tarquin et Malaga sous celui de Lucrèce, un poignard dans le cœur.
BOBÊCHE.

Et maintenant un peu d’histoire romaine.

Ils descendent.