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compris et simplement parcouru en aveugle la première ville du monde.

Nous abordâmes alors un sujet que nous savions devoir l’intéresser, car nous connaissions ses goûts pour le sexe auquel appartiennent les « houris » du céleste séjour. Au premier mot, son visage s’épanouit, et il nous fit part de ses impressions.

« Très chic ! très chic ! les Parisiennes, ne cessait-il de répéter. Nous insistâmes pour avoir des détails, et voici textuellement ce qu’il nous raconta, à notre colossale stupéfaction.

A son arrivée dans la capitale, il n’avait rencontré, disait-il, que des femmes exigeantes qui avaient eu l’audace de lui demander de l’argent, un petit cadeau, etc., mais plus tard, la chance l’avait favorisé ; il avait été remarqué par deux jeunes et jolies momentanées qui l’entretenaient sur un assez beau pied. L’une lui faisait 500 fr. par mois, la seconde 200, grâce à cette aubaine qui doublait son traitement il menait une existence « très chic, très chic ».

Ceci se passe de tout commentaire ; cet officier entretenu, (il ne fut pas le seul), portait l’uniforme de l’armée française ! Jamais il ne put comprendre notre indignation, nos sentiments de dégoût et de mépris pour sa conduite, qu’il trouvait toute naturelle, déclarant absurdes nos scrupules et nos raffinements d’honneur. Pour lui, les niais payaient