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Sous son turban crasseux ou blanc, sous son burnous en loques ou neuf, l’arabe est plus enveloppé dans son fanatisme qu’une momie dans ses bandelettes.

La civilisation et toutes ses merveilles, les sciences, les arts, le luxe, le bien-être, les progrès de l’industrie et de l’agriculture le laissent dédaigneux et insensible ; son règne de vrai croyant n’est pas de ce monde, et son existence précaire ici-bas n’a pour but que de lui permettre de gagner le ciel en faisant le plus de mal possible aux infidèles.

Le berger accroupi sur les bords de la mer ou d’une voie ferrée, regarde passer les magnifiques paquebots domptant les vagues ou les trains filant à toute vitesse contre les vents les plus violents avec une indifférence absolue ; et, s’il éprouve le besoin d’une manifestation elle se traduira par une injure grossière, un geste indécent, ou une pierre lancée à l’adresse des voyageurs du train. Son plus vif, son seul regret est de ne pouvoir placer sur le rail, un amas de rochers, capable de faire dérailler le convoi et de le briser, afin d’assister de loin, avec une joie ineffable, à une marmelade de chrétiens.

Les trois quarts des indigènes dans les campagnes surtout, caressent encore la douce espérance de voir surgir le Moulh Saha (l’homme de l’heure), le Messie qui doit, d’après une prophétie déjà ancienne, jeter tous les roumis à la mer et détruire par sa