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tions, cette puissance temporelle doit l’emporter. Si son succès pouvoit être préjudiciable aux dogmes et a la morale de l’évangile, les ministres de la religion auroient le droit de faire des représentations, mais leur premier devoir est d’obéir. Obtempero ut debeo, nung tibi rescribo ut licet.

L’ordre public, je l’avoue, en dirigeant mes actions ne peut enchaîner ma conscience. Nulle puissance humaine ne peut en m’ordonnant d’obéir, m’ordonner de croire. Les clefs de Saint-Pierre elles-mêmes n’ouvrent point les cœurs. C’est à la grâce seule qu’il appartient d’y descendre et d’y agir en souveraine. Encore Dieu veut que le libre arbitre puisse lui résister, ou qu’il ne cède que par un mouvement spontané et une persuasion intime.

Puissance divine, puissance humaine, qu’ordonnent vos lois ? d’obéir et non de croire et qu’ordonne le décret national ? un serment conforme à la liberté civile et religieuse : le voici : Je jure d’obéir, je ne jure pas de croire : le doute m’est permis, l’examen m’est recommandé, mais l’obéissance m’est prescrite.

Dans quelque place que nous porte le choix du peuple ou celui du prince, nous devons jurer d’en observer les devoirs et d’en remplir les fonctions. Ce serment est-il un certificat public de la bonté, de la perfection des loix ? Non, il est simplement la promesse d’y être fidèle. Cette fidélité est l’engagement de tout fonctionnaire public. Le capitaine jure d’être fidèle à l’ordonnance militaire, quand même elle ne seroit pas la meilleure à son jugement. Le magistrat jure d’être fidèle au code judiciaire, quand même ce code sembleroit imparfait à ses yeux ; et le ministre des autels refuseroit un semblable serment ! il rejetteroit la discipline extérieure qu’établit la volonté nationale, qu’exige l’économie publique, que nécessite l’édification chrétienne ? Le ministre des autels seroit donc indépendant des nations ? Les prêtres seroient donc étrangers à l’état qui les salarie, et supérieurs à la patrie qui les protège ? Nous suivrions donc dans un siècle de lumières, la marche que suivoient, dans les temps d’ignorance et de supers-