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Fénelon, le plus vertueux évêque de son siècle a pensé comme Saint-Augustin. La fidélité civile, dit-il dans ses maximes des saints, s’accorde avec la foi religieuse. La seule différence entre elles, c’est que la première lie les mains, et que la seconde lie les sentimens : en un mot, l’une obéit et l’autre croit.

L’ennemi de Fénelon et le rival de son éloquence, Bossuet, a proclamé d’une voix éclatante cette même doctrine. Il n’existe, dit-il dans sa défense de la célèbre déclaration du clergé de France, il n’existe qu’un seul cas où il soit permis de résister aux magistrats : c’est s’ils se disoient les égaux ou les supérieurs de Dieu, si deo superiores esse velint.

Quel est l’homme insensé ou hypocrite, qui oseroit dire que la constitution civile du clergé, est opposée au culte du vrai Dieu, à la morale, aux dogmes de l’évangile ? Personne ne le dit, mes frères, les ennemis de cette constitution en conviennent eux mêmes ; mais ils soutiennent que l’assemblée nationale n’avoit pas le droit de la faire. Mais c’est sans fondement, sans motif raisonnable ; car il est de fait que dans toutes les assemblées d’États généraux, dont la puissance étoit moins étendue que celle du sénat François d’aujourd’hui, on a délibéré et statué sur la discipline extérieure de religion : il est de principe que la puissance temporelle qui, pour la France, réside dans l’assemblée nationale et dans le roi, est plus absolue, pour ce qui concerne le culte extérieur de la religion, que celle de l’église. La puissance temporelle peut rejeter un canon de discipline extérieure qui lui est proposé par un concile général : un canon de discipline n’a force de loi ecclésiastique dans un gouvernement que par l’acceptation du prince qui en tient les rênes. Dans le cas de contradiction de la part des ministres de la religion, c’est-à-dire, si la puissance temporelle veut faire des changemens, des modifications dans la police, si je puis parler ainsi, du culte religieux, et que ces ministres invités par elle, à y coopérer, s’obstinent à ne pas vouloir admettre ces changemens et ces modifica-