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trouvent isolées sur la terre, ue pas faillir à ce qu’on appelle dans le monde l’honneur et la vertu. Pauvres enfans abandonnés de tous, sans parens, sans ainis, qui les consolent au jour de l’orage, dont la voix les ranime, dont la main les soutienne ; elles sont lancées au milieu de cette société qui ze leur offre que des écueils, ou dont la froide indifférence ne daigne pas s’occuper de ces ceurs qui ont taut besoin d’amour, et qui ne trouvent gue mépris et froissement.

Alors, sans appui, sans défenseur, ct même sans vengeur, comment penvent-elles se soustraire à la brutalité des hommes ? et puis, lorsque, tristes et pleurantes de leur isolement, elles tournent leurs regards vers ceux qui les entourent, elles aperçoivent des visages glacés d’égoisme, des ccurs qui ne savent point répondre aux battemens de leurs cæurs, et qui ne comprennent pas ce qu’elles veulent.

Pauvres filles ! si un homne, en ces momens de douleur, s’approche de l’une d’elles ; s’il fait retentir à ses oreilles le mot magique d’amour ; s’il lui promet de l’aimer, elle, confiante et naïve, tout entière au bonheur d’uimer et d’être aimée pour la première fois, s’abandonne, suit sou guide qui l’entraîne, et elle tombe. C’est alors qu’il fait beau voir les hommes rire de sa chute, et rire dédaigneusement ; et les femines l’injurier et dire anathime sur elle, tes femmes da monde qui sont nées heurcuses, aimées ; car elles peuvent avoir de l’amour, oui, de l’amour comime clles veulent et tant qu’elles vealent, pour leur dot, pour leur fortune. Les femmes privilégiécs, tout entières à leur bonheur, gonflées de leur propre individualité, ne comprennent pas les cris de détresse de leurs compagnes souffrantes ; — —---..