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N’ayons qu’un seul cri qu’une seule devise, liberté, liberté !… Réunissons nos faibles voix, et donnons-leur tant de force, qu’elles trouvent un écho chez la veuve du Malabar et dans les harems des sultans !…

Mais si, à la honte de notre sexe, il pouvait s’en trouver qui aimassent leur servitude, dont le cœur faible et rampant ne pût concevoir le bonheur d’être libre, je leur dirais : Venez vers nous, vers nous qui sommes saint-simoniennes, et qui faisons gloire de l’être ; vers des femmes dont le sang bouillonne au seul nom de la liberté ! venez, approchez-vous, afin que quelques étincelles électriques du feu qui nous embrase émeuvent nos ames de glace et fassent agir les ressorts de votre être ! Faibles et timides créatures, peut-être mes paroles vous effraient-elles ? peut-être craignez-vous de sortir des bornes que la nature a mises à notre sexe ? Rassurez-vous ; comme vous, nous voulons rester femmes, mais femmes suivant le vrai sens de ce mot ; c’est-à-dire que nous serons toujours, autant qu’il sera en notre pouvoir, cet être formé de grâce, d’amour et de volupté, cet être né pour charmer et pour plaire, cet être doux, insinuant et persuasif ; enfin nous serons femmes et nous ne serons pas esclaves ! Nous serons femmes, et l’or verra s’éloigner de nous la ruse, l’artifice et la fausseté, compagnes de t’asservissement. Fidèles aux lois de la nature, nous aimerons sans feinte, et nous rirons des préjugés.

ISABelle.

Nous désirons que ce projet d’association, rédigé par de jeunes filles, puisse faire comprendre aux femmes qu’elles ne parviendront à s’affranchir moralement que lorsque, se sentant solidaires les unes des autres, elles se soutiendront toutes et se suffiront matériellement.