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sous notre banniere, elles ont, comme nous, droit au respect. car notre bannière est religieuse, et plus d’une, soutenue par nous, ferait, en dévoilant ses douleurs, retomber sur ses accusateurs la boue dont ils essaieraient en vain de la couvrir.

Nous, femmes qui arborons cette bannière, nous nous déclarons libres non point d’enfreindre pour notre vie intime l’ancienne loi morale, nous la pratiquerons jusqu’au moment où une loi nouvelle moins exclusive viendra la remplacer ; mais nous nous déclarons libres de toutes les formes extérieures que nous imposent les convenances.

Pratiquant la morale chrétienne aussi rigoureusement que ceux même qui jugent tout par elle, nous serons liées à eux par nos actes, par notre amour du devoir et de l’ordre. Mais aussi nous serons liées à ceux qui la renient, par l’appréciation que nous savons faire de leur nature, par notre abandon et le désir qui est en nous de les amener à la loi qui, en les réhabilitant fera cesser les maux et les désordres dont ils sont souvent les auteurs.

Ainsi, placées entre ces deux camps si opposés, dont l’un est tout aussi exclusif dans sa régularité, que l’autre dans son désordre, nous emploierons toute notre puissance conciliatrice pour faire cesser l’antagonisme qui est entr’eux, et leur faire apprécier réciproquement leurs vertus et leur valeur, jusqu’au jour où leurs progrès mutuels leur permettront, non point de former un seul et même camp, mais de siéger ensemble dans le temple nouveau et d’être unis par un même amour, un même désir, l’harmonisation de l’intérêt particulier à l’intérêt social ; alors sera produite la loi nouvelle qui donnera satisfaction et règle à chacun d’eux, alors notre apostolat sera fini, la femme par ses œuvres aura élevé sa nature à la hauteur de l’homme ; elle sera son égale, et leur union amènera le régne de Dieu sur la terre.

Jeanne-Désirée.


Cette publication n’est pas une spéculation, c’est une œuvre d’apostolat pour la liberté et l’association des femmes. Ayant senti profondément l’esclavage et la nullité qui pèsent sur notre sexe. Nous élevons la voix pour appeler les femmes.