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chent dans l’instruction qu’un moyen de se soustraire au travail manuel qui leur est imposé. Oui, beaucoup d’hommes cherchent à se soustraire à ce travail rude et pénible qui, le plus souvent, leur rapporte à peine de quoi vivre eux et leur famille, et qui d’ailleurs ne leur attire aucune considération ; car la société est si mal organisée, que toute la considération est pour celui qui vit dans l’oisiveté, tandis qu’elle n’accorde rien à celui qui travaille. Je sais bien que l’on me dira que le peuple s’abrutit : oui, mais s’est-on occupé de ces hommes ? qui leur a donné du savoir et de la moralité ? Personne : on les abandonne à eux-mêmes, et on se plaint de ce qu’ils ne se sont pas fait leur éducation et leur instruction ! Oui, relevez l’industrie, accordez des honneurs au travail, des plaisirs au peuple, et il ne cherchera plus à se soustraire au travail. Occupez-vous du bien-être et de la moralité da peuple, et vous n’aurez plus à lui reprocher les désordres auxquels il se livre quelquefois : cela est facile, car vous voyez qu’il comprend bien que ce n’est qu’en réclamant ses droits pacifiquement et avec ordre, qu’il pourra les obtenir. Oui, le peuple sent bien que ce n’est plus par des émeutes qu’il peut améliorer son sort : aussi n’est-ce plus sur la place publique qu’il s’assemble ; mais dans des réunions où l’ordre règne, il vient exprimer ses vœux et ses espérances, il s’associe ; car, comme l’a dit, l’un d’eux : « la force est là où est l’union. » Nous, filles du peuple, nous nous réjouissons de voir nos frères si bien sentir leurs droits et leurs devoirs. Nous aussi, femmes, nous avons beaucoup à réclamer ; hâtons-nous : les temps sont venus : associons-nous, afin que nous puissions aussi dire nos vœux et nos espérances. Il est temps que nous fassions voir aux hommes qu’aussi bien qu’eux nous pouvons réclamer nos droits, sans pourtant cesser d’être femmes. Gloire à toi, peuple ! l’heure de ton émancipation défini-