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nions ; elles leur sont utiles : leur esprit, plus systématiqne que le nôtre, a besoin, pour agir avec ordre, de rattacher à un nom, à un individu, les progrès qu’il fait ; mais nous, êtres de sentiment, d’inspiration, nous sautous par-dessus les traditions ct règles auxquelles les hommes ne ciérogent qu’avec peine. Nous ne devons voir dans le genre humain que les enfans d’une niême famille, dont nous sommes par notre conforination les mères et les éducatrices naturellcs. Tous les hommes sont frères et sears unis entre eux par notre maternité : ils enfantent des doctriues, des systèmes, et les baptisentde leur nom ; mais nous, nous enfantons des hommes ; nous devrons leur donner notre vom, et ne tenir le nôtre que de nos mères et de Dieu. C’est la loi qui nous est dictée par la nature, et si nous continuons à prendre des noms d’homm es et de doctrines, nous serons csclaves à notre insu des principes qu’ils ont enfantés et sur lesquels ils exercent une sorte de paternité à laquelle nous devrons être soumises pour être conséquentes avec nous-mêmes : de cette manière, nous aurons des pèrcs ; leur autorité sera plus douce, plus aimante que celle du passé ; mais nous ne serons jamais les égales, les mères des hommes. Voilà, en terınes généranx, les moti fs qui m’ont fait agir. Je suis liée à vous ; je conserre la même devise : union, vérité, mais, pour que l’union, la vérité soient durables entre vous et moi, je veux être indépendante de toutes.

Le 4 novembre 1832. JEANNE DÉSIRÉE.

VARIÉTÉS. La femme nouvelle réclamant droit de cité, doit avoir constamment les yeux tournés vers cc but, toate occupée