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de ceux qui souffrent. Si vous vous étiez donné la peine d’étudier avant de vous faire imprimer, vous auriez appris que, loin de vouloir faire les femmes soldats, ils ne veulent plus de soldats ; car ils nous prédisent que l’avenir sera sans guerre et pacifique. Ah ! j’accepte avec joie cet avenir de paix. Vous auriez pu comprendre aussi qu’il ne serait pas si absurde que des femmes coupables soient jugées par des femmes ; vous sauriez encore qu’ils ne donnent pas seulement un trop court présent, nıais qu’ils font pressentir et désirer une vie future. Et, mon Dieu, Mesdames, que diriez-vous, s’ils vous avaient formulé, pour me servir d’une expression qui leur est habituelle, une vie future toute prête et arrangée merveilleusement, en flattant vos désirs ? Vous vous moqueriez sans doute, car cela paraît vous être facile. Mais Jésus lui-même, que vous a-t-il appris de la vie future ? Rien… que l’espérance. Étudiez, Mesdames, croyez-moi ; on gagne toujours à apprendre. Alors peut-être comprendrez-vous que nous sommes corps et esprit, tous deux ensemble, et jamais l’un ou l’autre séparément ; que la vie ne nous quitte jamais, car rien ne meurt ; que notre transformation s’opère en mieux toujours, car tout est progrès, mais en mieux plus ou moins, selon nos œuvres. Dans tout cela je ne vois pas de matérialisme.

Vous semblez ignorer que tous ces hommes sont distingués par leur science et leurs études ; que tous ont abandonné des carrières élevées et indépendantes ; que presque tous sortent de l’école Polytechnique ; que tous étaient aussi de cette classe privilégiée à laquelle ils veulent apprendre à aimer le peuple qui souffre, les femmes qui souffrent ; ils se sont dévoués au soulagement de tant de douleurs, pour les adoucir d’abord, pour les faire cesser plus tard. Et voilà les hommes qu’une bouche de femme ose injurier !… Des danseurs de corde !! Ô Madame !…