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d’ordre et d’harmonie partout. Faites tourner au profit de la société le charme irrésistible de votre beauté, la douceur de votre parole entraînante, qui doit faire marcher les hommes vers un même but.

Venez inspirer au peuple un saint enthousiasme pour l’œuvre immense qui se prépare.

Venez calmer l’ardeur belliqueuse des jeunes hommes, l’élément de grandeur et de gloire est dans leur cœur. Mais ils ne voient de grandeur et de gloire que le casque en tête et la lance à la main. Nous leur dirons qu’il ne s’agit plus de détruire, mais qu’il s’agit d’édifier.

Les dames romaines décernaient des couronnes aux guerriers ; nous, nous tresserons des fleurs pour ceindre la tête des hommes pacifiques et moraux qui feront marcher l’humanité vers un but social et qui enrichiront le globe par la science et l’industrie.

Jeanne-Victoire.


Les Femmes, jusqu’à présent, ont été esclaves soumises, ou esclaves révoltées, jamais libres.

Les premières pliées à ce naturel de convention qui fait la base de notre éducation, sont esclaves des préjugés sociaux, mais se trouvent protégées par ces mêmes préjugés auxquels elles se soumettent contre tout despotisme individuel.

Les secondes, au contraire, affranchies des entraves de l’opinion générale, ne pouvant invoquer l’égide de cette opinion qu’elles dédaignent, tombent sous la dépendance personnelle des hommes qui, n’étant pas reliés par une morale unitaire, n’ont d’autre sanction à leurs principes et à leurs jugemens isolés que celle du caprice ou du bon plaisir.

Tout en comprenant la nature des femmes qui préfèrent l’abnégation à une satisfaction qui ne serait pas sanctionnée, tout en sachant apprécier l’esprit d’ordre et le noble orgueil qui les rend fidèles au devoir ; nous comprenons aussi la nature de celles qui n’ont pu se soumettre à une loi maintenant privée de cette douce religiosité qui remplit le cœur et rend le devoir plus facile.