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tarder, porter toute notre attention, œuvre pour laquelle je revendique, pour nous femmes, notre coopération.

En effet, moi, mère de quatre enfans qui sont ma chair et ma vie, ne suis-je pas bien intéressée à connaître et émettre les principes sur lesquels sera basé leur avenir social et individuel ? ne dois-je pas repousser de toutes mes forces ce qui peut nuire au développement ordonné de leurs facultés ? Comme je suis naturellement portée à rechercher avec sollicitude ce qui peut y contribuer. Je sais que l’instruction des mots est poussée aussi loin que possible pour les jeunes gens qui, au sortir du collége, savent assez bien leur grec et leur latin ; que l’on veut bien permettre aux jeunes filles (sauf que les parens en aient les moyens) de prendre des notions préliminaires sur l’histoire, la géographie, le calcul, etc… Mais est-ce là tout, je vous le demande ? N’avons-nous pas à leur apprendre une autre chose tout aussi importante et sur laquelle on les laisse dans la plus complète ignorance ? n’avons-nous pas à leur apprendre ce qu’ils sont, pourquoi ils sont et ce qu’ils se doivent les uns aux autres ? Réfléchissez-y bien et vous verrez ce que nous avons à faire.

Christine Sophie.
Les femmes seules diront quelle
liberté elles veulent.

Les avis, les conseils, les opinions nous arrivent de tous côtés avec une diversité frappante. Chacun se constitue de son propre aveu notre libérateur, et nous veut rendre libres à sa manière. Quoi qu’il en soit, je suis le but que je me suis proposé, sans tergiverser d’un côté ni de l’autre. Qu’on ne me croie sous l’influence d’aucun systême ; n’importe qui désire notre liberté, je la veux, voilà l’essentiel. Je la voulais avant de connaître les Saint-Simoniens, je