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cipe quelconque ; car ces petits enfans ne manquent pas d’une certaine petite logique à laquelle il est quelquefois difficile d’échapper, et ne se contenteraient pas toujours d’une réponse faite en l’air.

La société pourra-t-elle rester long-temps dans cet état de choses ? Cela n’est pas présumable. L’anarchie, sous quelque forme qu’elle se présente, ne peut être de longue durée, parce qu’elle n’est pas dans la nature. Les hommes sont sans cesse ramenés par leurs propres besoins à cette harmonie divine qui existe dans tout ce qui est ; ils sont intimement liés les uns aux autres pour accomplir, chacun à des degrés différens et selon leur vocation, une œuvre utile et commune à tous. La société donc doit se reconstituer ; mais elle ne peut le faire qu’à la condition que, laissant de côté toutes ses vieilles lois et ne prenant du passé que ce qui peut servir comme expérience à son développement nouveau, elle formulera une morale et une politique nouvelles, propres à satisfaires aux besoins de son époque et au progrès incessant que l’humanité est appelée à faire.

À cette œuvre doivent travailler les hommes et les Femmes : car les lois et la morale, qui marchent toujours ensemble et de front, ne pourront être complètes que lorsque celles-ci seront admises à y prendre de droit la part qui les concerne et qu’elles ont prise de fait ; tous y gagneront quand les femmes auront apporté leur face aimable et attrayante à une constitution sociale qui, sans elles, serait encore empreinte de sécheresse et d’aridité.

Je demande donc aux hommes, nos anciens maîtres, de vouloir bien entrer en discussion avec nous sur toutes les questions relatives à la morale et qui, par conséquent, devront nous intéresser. La première et la plus grande de toutes, est la question de l’éducation qui est incomprise de nos jours et sur laquelle nous devons, sans plus