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choisi tous gens parés de sobriquets pompeux. Sobriquets, le terme est fort, direz-vous ; il faut m’excuser, car avec mon bon sens de prolétaire, je ne puis accorder que ces distinctions sociales deviennent titres qu’autant qu’elles sont méritées personnellement… Marquise, comtesse, baronne, etc. Qu’est-ce que cela veut dire, je vous prie ? Dans le monde qui vient de finir, c’était peut-être une fonction rétribuée en raison de son utilité ? nullement. Ou bien, par leur éducation, ces femmes sont-elles exemptes de préjugés, et pourront-elles coopérer plus efficacement à la formation du nouveau monde ?… Enfin, passons les titres, ne nous faisons pas accuser de chercher querelle pour des vétilles. D’ailleurs, dans la manière dont l’auteur emploiera ces dames, je trouverai sans doute la justification de cette préférence.

Place, place ; voici le héros : M. de Brémont, sans contredit, jeune homme charmant qui, lors de l’apparition de la comète, rêvait, réformait, organisait ; et comme beaucoup d’autres malheureux penseurs, mécontent de tout ce qu’il voyait, avait plus d’une fois répété :

Arrive donc, implacable comète,
Finissons-en, le monde est assez vieux.

Le voilà au comble de ses vœux : il est seul, la place est nette ; des femmes grâcieuses, spirituelles, l’entourent ; sans doute qu’il a son système en poche, et qu’il va de suite se mettre à reconstruire, à refaire un monde, et l’appuyer sur une base solide. Examinons : Eh, bon Dieu ! M. de Brémont, votre système c’est de n’en point avoir, et d’aller pour ainsi dire au jour le jour. En vérité, dans une œuvre aussi fortement conçue, vos dames auront de l’activité, car ordinairement, je conviens que nous ne sommes pas pour les raisonnemens de longue haleine, mais excellentes pour l’inspiration du moment. Aussi, dans votre conseil, elles vont être en majorité ; la puissance morale aura ses représentantes,