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es arrivée ! Unie à la Science, ta route sera facile ; elle applanira les difficultés que tu ne peux surmonter qu’avec beaucoup de temps et de peine, et tu vas doubler de valeur et d’intelligence. Toi, source féconde de richesses, soutien des empires, on te repoussait, on te dédaignait ! Toi, mère de l’Abondance, tu serais vouée à l’éternelle misère ? Non, l’heure de ton élévation est arrivée ; viens prendre la place que tu dois occuper. Loin de te chasser du temple, aujourd’hui c’est ton temple qui s’élève. Sur le frontispice je lis ces mots : Science, Religion, Industrie. Trinité sainte soyez à jamais unie !

Jeanne-Victoire.

DE LA PROSTITUTION.


Le monde en général ne comprend dans ce mot prostitution que ces femmes qui, au nombre de trente-cinq mille, s’en vont chaque soir, à l’ombre d’une permission de la police, offrir à tous les passans leurs charmes dégradés et flétris par des caresses impures que la grossièreté et l’insulte accompagnent ; rebuts de la société et des hommes qui en détournent les yeux avec dégoût après les avoir abreuvées de leur ignominieuse tendresse.

La prostitution est encore ailleurs, car elle habite les somptueux palais, les hôtels élégans aussi bien que la sale masure de la rue détournée. Oui, la prostitution est partout ; elle est chez la jeune fille du peuple qui, trompée par son innocence, s’en va grossir le nombre des victimes dont un adroit séducteur se fait une révoltante auréole pour l’abandonner ensuite en des mains encore plus indignes que les