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nous serviez uniquemcut de jouet ? La nuit, gardant pour nous un sommeil bieufaiteur, vous languiriez faute de nourriture ; et le jour, vos cris perçans blessant nos oreilles délicates, nouas fuirions loin de vos berceaux… Que pourricz-vous alors ? et uous aussi nous aurions la force…. Mais non, grâce à notre âme sensible, à notre ceur gévéreux (soit dit sans vous blesser), grâce à nous enfin, vous vivez, vous êtes hommes, vous êtes forts, et naturelieanent vous opprimez la faiblesse. Cependant la nature, moins avare que vous et vos lois, ne nous a pas tout ôté, et, dépourvues de forces, elle nous a laissé la ressource de la ruse… Vous le savez, vous l’avez senti plus d’une fois,… c’est une arme assez dangereuse ; elle s’aiguise dans l’ombre et le mystère, se trempe d’un venin empoisonné, et lence des traits d’autant plus sûrs, qu’ils partent de la main inflexible du temps, guidée par la réflexion !.. vous pouvez y penser ;… mais non, je vous vois rire : des femmes faire un complot, la drôle de chose ! quelle nouveauté ! honneur au dix-nenvième siècle ; il sera nommé, à juste titre, le siècle des merveilles, si nous voyons celle-là s’accomplir. Courage,

Messieurs, riez bien fort ; cependant votre jouet, votre poupée (è vous autres grands enfans) commence à se lasser, et grimace à force de rire. Magnétisée, pour ainsi dire, par d’antiques usages, somnambule de la société, elle dort tout en parlant et en agissant ;… D patience, un son plein et grandiose a vibré à ses oreilles. toutes ne l’ont point encore entendu, patience donc ;…. mais bientôt ! oui, bientôt, toutes l’entendront. Alors le charme cessera ; alors, Messieurs, la société actuelle croulera tout entière, et de ses décombres sortira, rayonnante et belle, ia déesse aux bras nus, ou la divine liberté qui règnera et sur vous et sur elles. .mais

ISABELLE.