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droits, comme hommes et comme propriétaires. Je dis au premier abord, car lorsqu’on les examine d’avantage on reconnaît bien vite qu’elles veulent le bonheur pour tous, et non celui d’une partie de la société aux dépens d’une autre. Oui ! je vous le demande à vous riches, qui avez un cœur sensible, ne souffrez-vous pas des douleurs du peuple ? Oh ! oui vous en souffrez, car il vous est impossible de vous soustraire au tableau de ces douleurs, elles vous suivent partout dans vos plaisirs, vos fêtes et vous ne pouvez faire un pas sans qu’elles se présentent à vos yeux, et puis ne devez-vous pas craindre que venant à se lasser de sa misère, il ne se révolte et ne viennent porter chez vous la désolation ; il est donc de votre intérêt qu’il s’établisse un ordre de choses dans lequel le prolétaire deviendra votre associé, et où il n’y aura plus de misère. Il y aura du bonheur pour vous et vous pourrez sortir dans les rues, sans rencontrer ces douleurs qui vous font frémir aujourd’hui. Pour la morale on a dit qu’ils détruisaient les droits des hommes ; oui, ils détruisent la suprématie qu’ils exercent sur les femmes, mais je le demande à tout homme de bonne foi, ne serait-il pas plus heureux si au lieu d’avoir à gouverner une femme qui se révolte contre son autorité, non pas peut-être ouvertement, mais par la ruse, le mensonge. Ne serait-il pas plus heureux s’il avait une femme qui étant son égale, partagerait ses droits mais aussi ses travaux, et ne serait pas comme aujourd’hui un meuble de salon ou un ustensile de ménage. Cela existe déjà de fait sinon de droit, car la femme du marchand partage les travaux de son mari, et se mêle de tout ce qui dépend de son commerce. Puisqu’elle partage ses travaux, pourquoi ne partagerait-elle pas ses droits ? Oui, la femme a dû être soumise tant que le pouvoir de l’épée fut celui qui régla la société, mais du jour où il sera remplacé par celui de l’industrie, elle doit et peut devenir l’égale de l’homme, car si elle ne l’égale pas en force physique elle l’égale en amour et en intelligence. Et c’est pour ces doctrines que l’on a condamné des hommes qui ainsi que vous le voyez, loin de vouloir le