Page:La Femme libre, 1832.pdf/257

Cette page n’a pas encore été corrigée
250

sociale et religieuse du siècle, et dire les réflexions que ce triste évéuement a fait uaître en moi. Mais, avant tont, je dois chercher à détruire une calomnie que tous les journaux se sont plu à répéter. Tous ont fait eutendre, en citant froidement cet évènement, que des rapporis intimes existaient entre Claire et Desesserts. Pour qui a sondé le ceu : humain, ce fait reste invraisemblable ; s’ils eussent aimé, si l’amour, ce feu créateur, eût animé leursâmes, ils auraient eu foi en eux, ils seraient encore parmi nous ; car l’amour, pris dans son expression la plus noble, la plusélevée, la plus étendue : n’est-ce pas une croyance, n’est-ce pas unc rcligion, n’est-ce pas la vie ! El c’est, au coutraire, parce qu’ils n’aimaient plus, parce que les sentimens doux et vivifians ne circulaient plus dans leurs ceurs, qui étaicnt comme pétrifiés par la lutte et le doute, qu’ils se découragèrent de cette existence froide et décolorée, et employèrent le reste de leur énergie à conclure l’association du tombeau… Cefut dans la nuit du 5 an 4 août qu’ils exécutèrent cette funeste résolution ; ce double suicide présente un ensemble de dispositions qui annoncent un sang-froid et une force d’énergie extraordinaires. Perret Désessarts, âgé de 23 ans, avait depuis peu quitté Grenoble, sa ville natale. Déjà poursuivi par une idée fixe de suicide, il vint à Paris vers le commencement de cette année ; ce fut aussi à cette époque qu’il vit, pour la première fois, Claire Démar. Cette femme, jeune encore, d’un extérieur agréable, d’une âme fortement trempée, avait eu le courage d’accepter la pauvreté, et de rejeter au loin une position aisée, mais équivoque et sans considération ; gloire à elle ! Par cet acte, elle avait remonté au rang de la fenme, puisque cette détermination fut libre et spontanée. C’est alors qu’elle vit Désessarts. Tous deux aimaient et recherchaient la gloire ; ils se comprirent. L’analogie qui existait entre l eurs caractères les rendit amis. Depuis, sous ce titre, ils se