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LE PROCÈS.


Après sept mois d’instruction, les Saint-Simoniens ont comparu devant leurs juges ; mais quelle transformation s’est faite en eux. Il y a sept mois ils n’étaient qu’associés ; aujourd’hui un sentiment religieux les unit. À cette époque ils disaient : nous sommes Saint-Simoniens ; ils l’étaient, il est vrai, mais ils n’étaient que cela : aujourd’hui ils sont apôtres. Apôtres des femmes et du peuple. Ils ont un costume, et chacun peut dire en les voyant : ceux-ci ont du dévoûment, car il en faut pour se livrer ainsi au monde pour s’exposer aux risées de ceux qui ne comprennent pas qu’on puisse avoir une foi religieuse. À cette époque, ils disaient : nous aimons le peuple, et ils faisaient des discours ; aujourd’hui ils l’ont prouvé en détruisant chez eux la domesticité et en se livrant à des travaux déclarés vils, ils ont montré que vraiment pour eux l’industrie est aussi sainte que la science et qu’ils avaient renoncé aux priviléges auxquels par leur naissance, leur éducation, ils pouvaient prétendre.

C’est en cette position qu’ils sont comparus devant un jury composé d’hommes propriétaires. Ces hommes qui sont venus pour les juger, qui sont-ils ? je les reconnais pour la majorité, hommes de probité, bons pères de famille ; mais peu capables de juger des questions telles que celles mises en causes, et surtout dans le peu de temps qui leur était donné pour les examiner. Ils ont dû les condamner. Comment pouvait-il en être autrement ? ils sont venus pour juger des doctrines qui, au premier abord semblent détruire tous leurs