Page:La Femme libre, 1832.pdf/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.
239

MON PASSÉ ET MON PRÉSENT.

Il me souviendra toujours, avec la plus vive émotion, de toutes les transformations que mon âme a subies depuis que j’ai traversé le christianisme ancien, à travers les obstacles du catholicisme, pour arriver au Saint-Simonisme et jusqu’à la religion de la mère. Ô mon Dieu, père et mère de tous et de toutes, combien de remercîmens à vous faire dans mes prières ! car, en vérité, ils étaient grands les obstacles qu’avait posés devant mon enfance la religion de mes pères, la religion catholique, que j’ai cru si long-temps la même que la religion du Christ. Et comment pouvais-je faire autrement, moi, pauvre enfant, qui n’avais point trouvé dans le sein de ma famille et dans cette société si peu vigilante pour tous ses membres, qui n’avais point trouvé le complément de toute éducation, n’avais point appris l’histoire du monde ni aucune des moindres sciences naturelles ? Mais n’est-ce pas dans ce défaut d’éducation que tombe la plupart des filles du peuple ? n’est-ce pas dans les mêmes idées fausses que tombent toutes les femmes, vieilles et jeunes, depuis si grand nombre d’années ? Les hommes eux-mêmes, qui jusqu’à présent encore sont nos régulateurs et nos maîtres, avaient partagé pendant des siècles nos erreurs, et quand ils s’étaient trouvés désabusés les premiers, ils ne voulaient rien nous découvrir. Au milieu de toutes les ruines qu’ils se mirent à faire en attendant qu’ils eussent reconstruit quelque chose, quelque temple nouveau où nous allassions demander à Dieu le moyen de soutenir dans nos