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les femmes timides qui, dans tout, ne voyant d’abord que l’abus se préoccupent d’une crainte vague et rejettent sans examen toute idée d’amélioration. Oh ! sans doute on pourrait craindre l’abus si la société de l’avenir ne formait comme maintenant que des individualités éparses, isolées, sans aucun centre ; lui donner seulement quelques principes généraux et ne pas lui donner de liens pour rattacher, pour unir entre elles toutes ses parties, serait encore faire œuvre dissolvante et non religieuse.

Que ne puis-je, ô ! femmes ! faire passer dans vos cœurs la foi qui m’anime ; toute crainte s’évanouirait de vos esprits comme une vapeur légère aux rayons vivifiants du soleil. Si, plus digne interprète de la nouvelle et divine révélation, je pouvais rendre avec vérité dans mon expression cette confiance sur laquelle je m’appuie, cette confiance dans un Dieu père et mère placé en tête de la famille humaine ; Dieu bon et bonne, indulgent pour tous et pour toutes, élisant et donnant à ses enfants pour guides et pour soutiens des couples formés par lui à son image, chargés d’annoncer à tous sa nouvelle parole de grâce et d’amour : « que tous seront successivement appelés et tous successivement élus. » Ces couples élus dans toutes les directions de la vie, ces nouveaux pères et ces nouvelles mères, prêtres gouvernants (dont je parlerai plus tard), seront chargés, d’après le nouveau pacte de la nouvelle alliance, de régler, de diriger et d’élever sans cesse, mais non plus de comprimer comme dans l’éducation du passé ; leurs paroles et leurs actes devront constamment faire comprendre et aimer Dieu dans l’ensemble de son œuvre, dans son unité comme dans sa multiplicité.

Suzanne.
          20 Juillet.
(La suite au Numéro prochain.)