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MESDAMES, Sans ètre initiée à la vie de femme, sans avoir senti tout ce qu’elle peut renfermer d’ennui et de douleurs, je crois avoir compris le besoin qu’elles ont des idées que vous développez dans votre feuille, relativeinent à sa liberté. Assoupie seulement, votre appel m’a réveillée et a détruit l’illusion qui in’aveuglait ; il m’a donné une nouvelle vie, m’a débarrassé des langes du passé. J’ai interrogé le présent, etj’ai fremi pour l’avenir. Votre euvre m’a semblé aussi grande que nécessaire ; vous sapez les bases du despotisme, qui, tout puissant qu’il est, doit crouler devant la justice des théories d’avenir que vous présentez. Sans ces hommes dont le vaste génie a si bien su coinprendre notre époque de transitions, quel eut été ::otre sort, à nous, jeunes filles. Hélas ! le temps nous aurait appris bien cruellement que notre imagination avait rèvé ce qui ne pouvait exister, c’est-à-dire un saint amour fondé sur la tendre amitié et la douce confiance. Non ! non ! l’esprit social d’aujourd’hui ne le renferme pas. Pour moi, trompée dans non attente, j’aurais reproché à la divinité mon erreur ; ô mon Dieu ! me serais-je écriée, n’est-ce donc pas pour mon bonheur que vous m’avez donné une åme aimante et sensible, ne lui avez-vous pas aussi donné l’espoir il