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plit ; mais il u’en serait pas ainsi pour celle qui, acceptant unesemblable position, aurait pour mobile d’améliorer religieusement le sort de son sexe, en préparant le monde à reconnaître sa liberté morale. Oh ! ałors, sans dédaigner la considération, clle se contenterait de la mériter et de l’atlendre. Celle qui constamment envisagerait ce but, se plaçant au-dessus des opinions du jour, et les dominant par sa volonté et la force de sa conviction, une telle femme pourrait à son tour tenir le flambeau de vérité qui doit éclairer tout nouveau progrès, le progrès ! livre divin ouvert depuis le com mencement des siècles, où les humains sont appelés à en comprendre inieux, de jour en jour, les caractères sacrés. Je nc suivrai pas l’analyse de ce roman dans tous ses développemens. La pensée de toute femme de talent est ce qui m’intéresse le plus ; je la reclierche, je l’évoque, je voudrais qu’elle m’apparût toujours grande et progressive. Est-ce dans ces lignes qu’il faut chercher le résumé de cet ouvrage ? Est-ce encore l’abnégation, la résignation que l’on nous présente comme type des vertus de la femme ? L’âme de Natalie soulfre ; sa mère n’a pas elle-même puissance pour la consoler ; elle donne cette mission à un vénérable prêtre, qui lui adresse ces mots : « Étiez-vous « libre, ma fille, pour qu’il vous aimât ? pouvait-il vous prendre par la main, et déclarer à la face de Dieu et des « hommes : Je m’unis à cette femme et lui voue un amour « éternel ? Loin de là, votre tendresse mutuelle devait être « cachée, parce qu’elle était coupable, et si elle eût éclatée, u le blâme s’attachait à vous. Ma fille, vous vous débattez « en vain contre votre destinée ; elle est pénible, j’en con «  viens ; il vous faut parcourir votre carrière seule, sans appui, sans consolation, dans l’âge du bonheur : cela ne i peut être autrement. Ce not, il le faut, paraît dur ; uais « à quoi sert ane lutte impuissante pottr déranger l’inflexi «  bilité du sort. »