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fait placer notre vie dans les autres, ou bien par l’amour…. Sentinent délicieux, mais qui, s’il n’est tempéré par les deux autres, devient égoïste en rapportant tout à lui, se dévore lui-mème, et perd par cela seul sa condition de durée. Natalie a dix-huit ans ; elle demande à l’amour le complément de son existence ; ce n’est que lorsque ce sentiment s’est emparé de toutes les faeultés de son âme, qu’elle se rappelle que, pour son honheur, elle doit l’ignorer à jamais. Oh ! c’est alors qu’elle sent que la vie u’est pas une fète perpétnelle, et combien notre bonheur dépend du milieu qui nous environne. Elle peut alors juger combien les lois de ce monde sont despotiques et inconséquentes : il établit le divorce, il reconnait la séparation des époux nécessaire, et flétrit une seconde union. Que fera cependant Natalie de ses dix-huit ans, de sa beauté, de ses talens, de son ceur si passionné ? Tout cela doit-il se détériorer dans l’isolement ? Elle est seule, sa vie n’est point nécessaire à l’existence de personne ; elle souffre ! Depuis quelques jours, écrit-elle à son amie, un regret amer s’est emparé « de mon âme ; j’envie la destinée de toutes les femmes qui « ont un mari, des enfans. Comme un anneau isolé au mi «  lieu de la chaîne générale, je ne snis liće au sort de per «  sonne, et cependant je ne suis pas libre ; j’ai cru l’ètre, « mon apparente liberté n’était qu’un piége trompeur ; j’ai « cru m’élancer vers le bonhcur, mais, au moment de le « saisir, je me suis sentie douloureusement enchaînée. » De la position de ces deux feumes, toutes deux s’étant mises en dehors de la loi commune, l’auteur fait ressortir d’une manière frappante les douleurs qui atte dent toute femme qui ne voudra pas courber sa tête sous un joug imposé

; pour celie surtout qui, de même que Natalic et sa

mère, n’aurait en vue que de se débarrasser d’un fardeau trop pesant, et n’y joindrait pas une pensée suciale, religieuse, enfin n’aurait pas large couscicnce de l’acte qgu’cHe accom-