Page:La Femme libre, 1832.pdf/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
2

nions de femmes, où seront discutées ces théories déclarées immorales. J’en appelle à la franchise de toutes les femmes aimantes, de toutes les mères de famille, pour examiner cette grave question, et si cette doctrine est vraiment immorale, leur cœur, aussi vrai que la science des hommes, la leur fera rejeter.

Je proteste de toutes les forces de mon âme contre l’imputation faite aux apôtres de vouloir le droit du seigneur et la communauté des femmes. Nous repousserions avec horreur de pareilles idées si elles avaient pu leur venir, mais nous pouvons affirmer qu’ils ne les ont pas eues. Nous voulons être libres afin d’acquérir la sincérité et la dignité nécessaires au rôle de moralisation que la femme, par sa délicatesse, est appelée à remplir ; et le droit du seigneur était l’asservissement de la jeune fille innocente au très-haut et puissant seigneur, souvent débauché. La communauté des femmes est l’avilissement le plus complet de notre sexe. Elle existe, de fait, par la prostitution, et nous voulons la détruire pour l’avenir. La communauté des femmes est là où une partie d’entre elles sont une propriété servant au bon plaisir des hommes, et sur laquelle l’État prélève un impôt, et autorise, moyennant de l’or, ce trafic honteux, qui livre la plus belle au plus offrant. Si la société, ne détruisant pas le plus bel ouvrage de Dieu, la variété qui doit être dans l’humanité comme dans le reste de la nature, ne nous imposait plus ce type, d’après lequel nous sommes toutes élevées en dépit d’un naturel opposé ; mais qu’au contraire, elle donne par une éducation plus large au libre essor au développement de nos facultés morales, intellectuelles et physiques, les désordres dont notre sexe est souvent la cause secrète n’existeraient pas. C’est dans l’intérêt de la société tout entière que nous voulons notre liberté ; c’est pour en poser les bases et les limites, et la faire comprendre aux femmes et aux hommes que nous avons fondé notre Apostolat ; il est composé en grande partie de femmes prolétaires. Le hasard de la naissance nous a fortifiées et préparées pour en pouvoir