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semblée ? Point ; ces Messieurs, forts savans sans doute, comme partout, continuent à se donner mission d’interpréter seuls la parole du Christ. Depuis que notre égalité avec l’homme est proclamée par une nouvelle religion, et que d’une voix faible nous osons en réclamer les conséquences, il est curieux de voir tous les hommes retourner au christianisme, non par conviction que c’est la loi définitive de Dieu, mais par la frayeur qu’ils ont de voir ces idées de liberté germer dans nos cœurs, et d’être forcés, par suite de cette révolution morale, de venir, comme firent autrefois les seigneurs, dans cette mémorable nuit du quatre août, déposer sur l’autel de l’égalité leurs titres de propriété extorqués par la force sur la faiblesse.

C’est sans doute sous la préoccupation de ces pensées, qu’un jeune légitimiste disait dernièrement devant moi : « Nous, hommes de la Gazette, nous croyons à l’infaillibilité du pape, en tant qu’il s’appuie sur les conciles, et que les décisions des conciles sont formulées d’après l’évangile nous croyons aussi que la liberté de la femme, que vous réclamez avec tant d’instance ne se conciliera avec sa dignité, et ne se trouvera que dans les unions indissolubles. » Aussi en sommes-nous à récuser l’autorité et les décisions de vos papes et de vos conciles ! Ils ont toujours interprété l’évangile d’une manière si absolue, que ce niveau qu’il fallait subir, rappelait au plus grand nombre les tortures du lit de Procuste. Qu’ont-ils prêché aux femmes dotées par Dieu d’une imagination brillante, enthousiaste, d’un caractère léger, changeant ? La résignation, l’abnégation, la patience en vue d’un ciel mystique. Mais, en vérité, un ruisseau dont on interrompt le cours formera plutôt torrent ailleurs que d’obéir à une main inhabile. Ainsi advint, Messieurs, de votre règle, depuis que l’église chrétienne déclara que la chair c’était le péché, prêcha la mortification ; depuis, dis-je, que cette loi fut donnée