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Quand la nature, éveillée par la culture, par le talent, prend l’essor, pourquoi la morale ne le prendrait-elle pas ? Quoi ! la nature m’élève au beau ; la morale me tient à terre. Que la morale me suive et consacre des devoirs plus beaux, des liens plus saints.— Pourquoi choisissiezvous ? dit-on. — Deimandez : — Pourquoi viviez-vous ? — La vic nous presse, les circonstances ne nous secondent pas : nous, femines surtout, nous, renfermées, assujéties

; nous aimons ce qui nous entourc ; au temps de

choisir nous sommes engagées. Et si mes paroles causent de l’épouvante, qu’on se rassure : car, cu parlant pour quelques exceptions, nous avons admis le type et le culte d’unc fidélité éternelle. Dans l’unité des affections consiste la beauté de la vie : qui peut ayoir ainié et l’ignorer ? Qui n’a versé sur le changement du ceur des larmes amères et sans consolation ? Qui n’a trouvé la lamière du jour trop payće à ce prix ? Nul législateur ne serait plus saint, ni plus anstère que l’amour même : il cst la source des déliccs et des douleurs, il respire la vertu. N’est-ce pas l’amour que Platon nommait une entremise des Dieux avec la jeuncsse ? Pourquoi rejeter celte leçon que la nature nous a donnée partout, d’appuyer le devoir sur le penchant ? La vertu doit êtrc facile, si notre morale atleint jusqu’à l’ordre suprême. Efforçons-nous de l’atteindre, sans l’espérer, bica sûres qu’en développant la sensibilité, la délicatesse, la passion, nous travaillons pour le devoir. Les passions, dans leur innocence, sont lentes à naître. entes à grandir, lentes à changer, et quand clles sont belles et bien dirigées leur nature est immortelle. Notre vieux moude a appelé ces vérités des illusions ; grâce an ciel il y revient aujourd’hui. Que s’il reslera à jamais des conmbats, des chagrins sur la terre, réduisons-en le nombre à sa valeur, sans l’augmeuter par nos chimèrcs.