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LETTRE A BÉRANGER. Eh ! quoi Béranger, cesser de peindre, congédier ta mase avant d’avoir accompli ta sublime tâche de mora liste ; tu n’ignores pas cependant que notre sort est lié à celui de ce peuple que tu aimes et inspires si bien. Ne sais-tu pas que cette sainte égalité que tu réclames avec tant d’ardeur, pour être réellement féconde, doit s’étendre à tous, et que tous ces avantages doivent être partagés par notre sexe.

O poète da peuple ! écoute la voix d’an enfant du peuple ! compreuds la sollicitude religieuse qui l’entraîne à te parler en faveur de ses compagnes ; nia naissance fut entachée du péché originel qui pèse toujours et partout sur le malheureux peuple, la misère, et cependant j’avais reçu de la nature, de DIEU, une ame ardente et passionnée, un désir indomptable de pénétrer dans la profondeur de la science, de vivre de cette vie intellectaelle ; mais lélas

!… la nécessité brisa tous ses ressorts indispensables

à mon bonheur ; il fallut me plier aux mesquines habitudes d’une vie commune et journalière, végéter, de par la loi de cette société sans providence individuelle. O Béranger ! si tu savais les douleurs de cette vie abâtardie, de de cette existence jetée bors de la sphère de ses désirs, de sa vocation, ton ceur réclamerait comme nous l’affranchissement intellectuel de la femme ; car, crois le bien, je nc suis pas une exception, je suis loin d’être un type entrc toutes, oh non ! j’ai vu nombre de jeunes filles da peuple souffrir des mêmes douleurs que moi : avssi je voudrais que tu réclamasses pourles enfans des deux sexes une éducation gratuite, forte et sociale, car tous ces enfans seront à leur tour des femmes et des hommes ap-