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courir à l’œuvre que nous entreprenons pour sauver à notre sexe la honte et l’humiliation qu’il subit par la prostitution. Quoiqu’elle ne pèse que sur une faible partie de nous, nous ne devons pas moins en ressentir toutes les douleurs, nous devons les sentir plus profondément que celles qui y sont plongées, car elles s’étourdissent sur leur position, tandis que nous pouvons l’envisager entièrement. Eh bien, femmes ! venez, car DIEU est là où s’accomplit une œuvre sociale ; DIEU est là où l’on pense à sauver du précipice ceux qui sont prêts à y tomber. Nous en avons beaucoup à sauver, car beaucoup de femmes rêvent la gloire et cherchent par quels moyens elles pourront y arriver. N’en trouvant aucun, elles pourraient faire fausse route et prendre pour de la gloire ce qui ne serait que le plaisir d’un moment. Oh ! qu’elles viennent parmi nous, il y a de la gloire à acquérir. Et vous qui n’aimez que les joies douces de l’intimité, vous trouverez aussi satisfaction pour vos sentimens dans la reconnaissance de toutes celles que vous aurez sauvées des mépris du monde, que vous aurez consolées et dont vous aurez séché les larmes, car elles vous aimeront, et votre nom sera béni par elles. C’est ainsi que parmi nous il y a place pour toutes

Marie-Reine.

CROISADE PACIFIQUE.

Femmes ! le temps est venu où, pouvant nous appuyer sur une religion qui sera aussi déclarée divine quand tous la comprendront. Nous devons unir nos voix à celle de ces hommes généreux, qui nous ont consacré leur vie entière, et réclamer sous leurs auspices notre affranchissement définitif, dire ce que nous entendons par liberté, comment nous la voulons, et l’usage que nous en saurons faire pour le bonheur de l’humanité…

Mais avant que d’oser apprendre au monde ce que nous concevons pour l’avenir, quelle foule de préjugés le passé n’a-t-il pas accumulé sur nous, et ces mêmes préjugés étant regardés comme le palladium de la société, les premières femmes qui oseront avancer la main pour les détruire, de-