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vous cherchez si bien à nous faire aimer, vous nous l’impntez à crime. Et maintenant, que nous voulons briser l’esclavage dn monde et le vôtre surtout, le vôtre, d’autant plus terrible qu’étant incorporé d’une manière très-intime à notre bonheur, il nons faut plus que du courage pour nous y soustraire. Vous criez à l’immoralité ; on a été perdue, dites-vous, on n’a plus de mœurs, de sentiment. Est-ce parce qu’on s’oppose à votre exploitation qu’on est perdue ? Moi je crois, tout au contraire, qu’on est sauvée, alors qu’on a le courage nécessaire pour se raidir contre vos condamnations. Si on est modeste, réservée si on s’adonne spéciale’nent aux occupations du ménage ; si l’on préfère une vie tranquille au tourbillon des plaisirs dn monde, ce n’est pas qu’en maître qui doit être obéi, vous nous aurez fait un devoir de vivre de cette manière ; mais c’est qu’apparemment notre humeur s’accorde avec ce genre de vie. Si nous faisons hautement l’aveu <t’nn amour constant et durable, ce ne sera pas dans la crainte de nous voir repoussées et salies par vous, qui ne manqueriezpas de nous faire un crime d’oser être antre chose que ce que vous voulez que nous soyons. C’est que notre nature nous portera à aimer de cette manière. Et vous n’aimeriez pas mieux ces sentimens nobles et généreux, qui doivent exister d’égal n égat, que les sentimens mercenaires qu’on esclave a pour son maître ? Vous seriez donc bien insensés ou bien aveugles. Quoiqu’il en soit, la parole de Marie, c que votre volonté soit faite, " » ne sortira.plus de notre bouche pour sourire à votre despotique pouvoir. Nouvelle Marie, la featme que nous attendons est conviée à accomplir. i’cenvre de Dieu ; mais de concert avec l’homme, et non en esclave soumise. Elle aussi sauvera le monde et écrasera la tête du serpent ; mais le rédempteur qui doit le sauver avec elle ne lui dira pas d’un air d’autorité Femme qu’y a-t-il de commun entre