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un cear de femme devine tant de choses, que, sans avoir souffert, elle pourra comprendre ta peine. Que sa toilette est brillante ! quel luxe de chevaux, de voiture ! Oh ! quelle servilité dans les soins que lai rendent ses domestignes ! Je crois remarquer que ce n’est pas l’affection qui donne, ni le coœur qui récompense ; mais bien la richesse qui solde la cupidité. Et cet hounête marchand, à combien de révérences ne se croit-il pas obligé ? une femme en équipage descendre dans ses magasins ! Certes, en voyant son air affairé, on peut assurer qu’il est loin de voulocir, comme notre poète national, laisser la Fortune à la porte. La Fortune ! scule divinité du jour : il semble, à voir les soins dont on eutoure ses favoris, que tout le mérite el le bouheur de la vie sc résument en eux, et que, pour obtenir les faveurs de la capricieuse déesse, il faille tout sacrifier, tout, jusqu’à la dignité humaine. Mais pourquoi attendre, pauvre femme ? ne vois-ta pas, au lon à la fois servile et impertinent des valets, que le ccur égoïste et sec de leur muitresse est prêt à repousser ta plainte ? Quels regards expressifs tu jettes sur cette brillante voiture et sur les guenilles qui te couvrent à peine, ct ensuite, les reportant vers le ciel, tu sembles interroger sa justice sur le mystère de celte inégalité ! Cependant espère encore : comme toi cette femme est mère ; elle doit compatir à ta misère. Oh ! olh ! bon marchand, ton air radieux annonce que tes excessives politesses ne sont pas perdues. Que de futilités sont portées de clhez toi daus la riche voiture ! Pauvre femme, hâte-toi de présenter ta requète de mère ; la jeune élégante est prête elle-même à monter auprès de ses enfans : bien, glisse — toi au milieu des enpressés… hélas ! un mouvement d’humeur répond seul à ta touchante prière, ct apprend aux domestiques, au marchand lui-même, qu’ils doivent se hâter d’éloigner l’imporlune sollicitense… Et moi, le cœur serré en regar-