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Espérance, divine enchanteresse, bientôt ton baume divin aura dessillé les yeux de la femme. Esclave, sous un maitrc rusé on farouche, elle croit devoir lui cacher scs pleurs, mais l’heure approche où, revendiquant ses droits, elle viendra demander compte à son maître de dix-huit siècles d’esclavage.

ISABELLE. LES DEUX MÈRES.

Comme les heures données à l’observation ne sont pas toujours des heures perdnes, et que d’ailleurs Paris est si beau, si paré au coinmencement de chaque année par tous ces jolis riens, qui rapportent si peu à l’ingénieux industriel qui les invente, qu’il me prend envie d’essayer aujourd’hui du métier d’oisif, de marcher sans but… Arrêtons-nous devant ce grand magasin ; cet endroit me fournira sans doute quelques remarques utiles. Mais toi, pauvre femme blottie dans cet angle, que viens-tu faire avec tes trois pauvres petits enfans auprès de cette porte ? ce n’est pas la curiosité. Oh non, non ; à ton ceil terne, à ta figure pâle, aux lambeaux qui t’entourent, je le vois, c’est le besoin, le cruel besoin d’exister qui te retient là. Voyons si sur loutes ces physionomies de riches qgui passent devant moi, je ne pourrais pas saisir un mouvement de seusibilité qui m’indique une ame. Ils ne sont pas là en représentation ; elle est bien d’eux, cette expression froide et dédaigneuse. O riches, riches ! puisque vos ames sont trop étroites pour compreudre l’association, faites donc de la philanthropie ; c’est la vertu du présent. Toi, pauvre fenmme, ne te décourage pas ; voici une jeune élégante qui descend de voiture ; elle est riche aussi, il est vrai ; mais