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Telle était ma position. J’avais désiré ardemment un asyle où je fusse réunie avec mon frère ; j’y étais, et je me plaignais. Les jours, me disais-je, vont me paraître bien longs : que ferai-je ici ? Je connais déjà notre jardin par cœur : cette basse-cour, tous ces détails de maison me sont insipides ; me voilà donc destinée à finir mes jours dans cette solitude ! O inconstance de l’espèce humaine ! Hier, mon habitation faisait mes délices ; aujourd’hui elle me paraît ennuyeuse ; je cherchais à me dissimuler ce motif de ma mélancolie : le véritable était l’absence de Lavalé. Je rejetais loin de moi toute idée d’union avec lui : la noblesse de mon sang ne me permettant pas de m’allier à un roturier. La révolution avait eu beau anéantir tous les préjugés, les miens me restaient ; et en repassant dans mon