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que des malheurs domestiques, et ne connaissant aucune des privations de la vie, portant le havre-sac sur le dos, entreprenant une route longue et dangereuse à pied, exposée à l’intempérie de la saison, mal couchée, plus mal nourrie, (car la disette pesait alors sur toute la France). Mais que ne fait point entreprendre l’amour ? Je cherchais à en imposer aux autres et à moi-même. Il était bien prouvé que j’avais eu le courage de supporter le départ de mon frère, et que celui de Lavalé m’avait seul déterminée à courir les champs, au risque de tout ce qui pouvait en arriver. J’étais avec lui, et je me persuadais qu’aucun accident ne pouvait m’atteindre.

Nous fîmes six lieues à notre première journée ; l’étape que nous reçûmes nous fût d’une grande ressource. Dans tous les villages où nous