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Nemours l’inclination qu’elle avait pour lui. Elle se souvenait de tout ce que madame de Chartres lui avait dit en mourant, et des conseils qu’elle lui avait donnés de prendre toutes sortes de partis, quelque difficiles qu’ils pussent être, plutôt que de s’embarquer dans une galanterie. Ce que M. de Clèves lui avait dit sur la sincérité, en parlant de madame de Tournon, lui revint dans l’esprit ; il lui sembla qu’elle lui devait avouer l’inclination qu’elle avait pour M. de Nemours. Cette pensée l’occupa long-temps : ensuite elle fut étonnée de l’avoir eue ; elle y trouva de la folie, et retomba dans l’embarras de ne savoir quel parti prendre.

La paix était signée. Madame Élisabeth, après beaucoup de répugnance, s’était résolue à obéir au roi son père. Le duc d’Albe avait été nommé pour venir l’épouser au nom du Roi Catholique, et il devait bientôt arriver. L’on attendait le duc de Savoie, qui venait épouser Madame, sœur du roi, et dont les noces se devaient faire en même temps. Le roi ne songeait qu’à rendre ces noces célèbres par des divertissements où il pût faire paraître l’adresse et la magnificence de sa cour. On proposa tout ce qui se pouvait faire de plus grand pour des ballets et des comédies ; mais le roi trouva ces divertissements trop particuliers, et il en voulut d’un plus grand éclat. Il résolut de faire un tournoi, où les étrangers seraient reçus, et dont le peuple pourrait être spectateur. Tous les princes et les jeunes seigneurs entrèrent avec joie dans le dessein du roi, et sur-tout le duc de Ferrare, M. de Guise et M. de Nemours, qui surpassaient tous les autres dans