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qui la pouvait conduire au trône. Elle commença à donner au roi d’Angleterre des impressions de la religion de Luther, et engagea le feu roi à favoriser à Rome le divorce de Henri, sur l’espérance du mariage de madame d’Alençon. Le cardinal de Volsey se fit députer en France, sur d’autres prétextes, pour traiter cette affaire ; mais son maître ne put se résoudre à souffrir qu’on en fît seulement la proposition, et il lui envoya un ordre à Calais de ne point parler de ce mariage.

Au retour de France, le cardinal de Volsey fut reçu avec des honneurs pareils à ceux que l’on rendait au roi même : jamais favori n’a porté l’orgueil et la vanité à un si haut point. Il ménagea une entrevue entre les deux rois, qui se fit à Boulogne. François Ier donna la main à Henri VIII, qui ne la voulait point recevoir : ils se traitèrent tour-à-tour avec une magnificence extraordinaire, et se donnèrent des habits pareils à ceux qu’ils avaient fait faire pour eux-mêmes. Je me souviens d’avoir ouï dire que ceux que le feu roi envoya au roi d’Angleterre étaient de satin cramoisi, chamarré en triangle, avec des perles et des diamants ; et la robe de velours blanc brodé d’or. Après avoir été quelques jours à Boulogne, ils allèrent encore à Calais. Anne de Boulen était logée chez Henri VIII, avec le train d’une reine ; et François Ier lui fit les mêmes présents et lui rendit les mêmes honneurs que si elle l’eût été. Enfin, après une passion de neuf années, Henri l’épousa sans attendre la dissolution de son premier mariage, qu’il demandait à Rome depuis long-temps. Le pape prononça les fulminations contre lui avec pré-